Limites des sacrifices : interdits et insuffisances
Ordonné par Dieu pour permettre à l’Israélite de s’approcher
de Lui, le système des sacrifices n’était pas pour autant satisfaisant. Il
était une disposition transitoire établie pour un temps jusqu’à ce que soit
offert le sacrifice parfait, celui du Fils de Dieu, qui rendent les autres
caduques : Hébreux 9,9.11-12.23 ; 10,1 à 3.
L’idée que le système sacrificiel ne répondait pas de manière satisfaisante aux
besoins de la relation entre Dieu et Son peuple ne se révèle pas qu’avec la
venue de Jésus. Elle est déjà perceptible de bien des manières dans l’Ancien
Testament :
-
Les sacrificateurs pouvaient être répréhensibles
et ne pas se montrer à la hauteur de leur ministère : exemples :
Lévitique 10,1-2 :
la faute des deux fils d’Aaron est d’avoir mêlé un feu profane au feu qui était
pris directement sur l’autel des sacrifices offerts à Dieu. Le feu étranger
semble évoquer une imitation humaine de ce qui est divin. Cette offrande
d’éléments à la fois consacrés et profanes provoqua la colère de Dieu. Il
suffisait d’une simple erreur, volontaire ou non, dans la procédure qui devait
être suivie pour que le prêtre chargé d’offrir les sacrifices meure.
1 Samuel 2,12 à 17.22 :
les fils d’Eli exerçaient leurs fonctions de prêtres sans aucune conscience de
son caractère sacré. Ils ne voyaient que l’intérêt qu’ils pouvaient en tirer
aux dépens du peuple et profitaient de leur position pour commettre de graves
péchés. Ils témoignaient par leur conduite du profond mépris qu’ils avaient
pour Celui qu’ils étaient censés servir : Dieu : 1 Samuel 3,11 à 14. Leur faute fut d’une telle gravité
aux yeux de Dieu qu’elle fut l’objet d’un jugement définitif. Elle n’était ni
pardonnable, ni expiable. L’exemple des fils d’Eli souligne à quel point compte
aux yeux de Dieu le sacrificateur et le sacrifice dans le processus lévitique.
Il ne suffit pas d’offrir le juste sacrifice ; encore faut-il que celui
qui l’offre à Dieu soit juste et agisse conformément à Sa volonté.
-
L’offrande des sacrifices pouvait être faite de
façon si formaliste qu’elle ne correspondait plus à l’intention de Dieu. Ce qui
comptait pour Dieu n’était pas le sacrifice, mais le cœur de celui qui
l’offrait. Exemples :
1 Samuel 15,1 à 3.7 à 9.13 à 15.20 à
23 :
Saül pensait contenter le Seigneur en Lui offrant une part du butin qu’il avait
pris à Amalek. Il a oublié que le but de Dieu, en l’envoyant combattre contre
lui, n’était pas d’enrichir Israël mais d’accomplir la parole de jugement qu’Il
avait prononcé jadis contre ce peuple : Exode
17,14 à 16. De plus, confronté à sa désobéissance, Saül n’a pas reconnu
sa faute. Il en a reporté la responsabilité sur le peuple qui, selon lui, a
insisté pour que soient épargnées les meilleures bêtes. Samuel ne passera pas
sur la faute de Saül. Il rappellera que ce qui compte par-dessus tout aux yeux
de Dieu n’est pas le geste d’offrir un sacrifice, mais l’obéissance qui vient
du cœur : cf Osée 6,6. Saül pouvait offrir
à Dieu tous les sacrifices qu’il voulait. Cela ne pouvait jamais et en rien
compenser sa rébellion et sa désobéissance envers Dieu, aussi graves à Ses yeux
que l’occultisme.
Esaïe 1,10 à 17 :
les siècles passant, les inconséquences d’Israël furent telles que Dieu éprouva
un véritable dégoût et une répulsion totale à la vue de la multitude des
sacrifices que les israélites continuaient à Lui offrir. Le culte que le peuple
rendait à Dieu n’était plus un culte spirituel. Il était devenu une pratique
religieuse morte, formaliste, dans laquelle ni le cœur, ni la vérité n’étaient
présents. Dieu ne prenait plus plaisir à aucune fête rendue en Son honneur, ni
n’écoutait plus aucune prière. Les reproches formulés par Esaïe de la part de
Dieu témoignent du danger qu’il y a pour chacun de se complaire tant dans la
forme que l’on en oublie que, pour Dieu, seul compte le fond. Le sacrifice des
méchants est une abomination pour le Seigneur : Proverbe
15,8. Le sacrifice des méchants est une abomination ; à plus forte
raison quand ils l’apportent avec des pensées infâmes : Proverbes 21,27.
-
Les endroits où étaient offerts les sacrifices
ne correspondaient pas à ceux que Dieu avait désignés à cet effet. Jéroboam, le
premier, par crainte de voir les israélites aller à Jérusalem offrir leurs
sacrifices, et perdre ainsi de son influence sur eux, créa de nouveaux lieux où
ceux-ci pouvaient être offerts : 1 Rois 12,26 à 33.
Depuis, les hauts lieux se multiplièrent un peu partout dans le pays, y compris
dans le royaume de Juda : 1 Rois 14,23 ; 2
Rois 16,4. C’est eux qui furent cause de la ruine du pays : 2 Rois 17,9 à 11.
Le royaume de Juda connut, plus que celui d’Israël, des périodes de réveil et
de retour à Dieu. Les livre des rois et des chroniques témoignent cependant que
l’habitude qui fut la plus difficile à éradiquer fut celle d’offrir des
sacrifices sur les hauts lieux du pays : 1 Rois
15,14 ; 22,43 ; 2 Rois 12,3 ; 14,4 ; 15,4.35.
Qu’est-ce que les hauts lieux ? C’étaient
des endroits choisis par les hommes pour y adorer, soit l’Eternel, soit des
idoles. Ils étaient souvent érigés dans des endroits élevés : 1 Rois 11,27 ; 14,23, à l’intérieur ou à
proximité des villes : 2 Rois 17,9 ; 23,5.8.
Les hauts lieux furent permis avant la construction du temple par
Salomon : 1 Rois 3,2 à 4. La débauche accompagnait souvent les cultes rendus
sur les hauts lieux : Osée 4,11 à 14. A
plusieurs reprises, les prophètes se sont montrés fort vindicatifs à l’égard
des cultes rendus sur les hauts lieux : Ezéchiel
6,3 ; esaïe 57,5 ; Jérémie 2,20 ; 3,6.13 ; 17,3 ; Amos
7,9 ; Michée 1,5.
Alors qu’elle était en discussion avec Jésus, la
samaritaine lui demanda dans quel lieu Dieu devait être adoré. Les samaritains
le vénéraient à Samarie et les juifs à Jérusalem. Jésus ne répondra pas en
désignant un lieu en particulier. Il dira que ce qui importe à Dieu n’est pas
le lieu où Il est adoré, mais le type d’adoration qui Lui est rendu. Dieu est
esprit, et il faut que ceux qui L’adorent, L’adorent en esprit et en vérité : Jean 4,24.
Orientation vers des choses meilleures
Le système sacrificiel montrant de nombreuses failles, petit
à petit les auteurs bibliques vont orienter le peuple de Dieu vers la pratique
de sacrifices plus conformes à la pensée de Dieu, tous des sacrifices non
sanglants :
-
Psaume 50,7 à 15 :
dans ce psaume, Dieu dit à Israël qu’il n’a rien à lui reprocher quant à la
mécanique des gestes qu’il accomplit. Les sacrifices et les holocaustes lui
sont toujours offerts. Au regard extérieur de la loi, Israël n’est coupable
d’aucun manquement. Dieu oriente cependant le peuple vers une double réflexion
fondamentale au sujet de ce qu’il fait
ð Dieu
rappelle à Israël que s’il Lui offre des sacrifices, ce n’est en aucun cas
parce que Dieu se trouverait dans un besoin quelconque : v 10 à 13. Les sacrifices qu’Israël offre à Dieu ne
répondent pas à un besoin de Dieu, mais à un besoin d’Israël. C’est pour lui
que les sacrifices sont nécessaires, à cause de son péché, non pour Dieu.
ð Dieu
rappelle à Israël que le vrai sacrifice, celui qui fait la joie de son cœur,
est celui qui procède d’un cœur reconnaissant et obéissant : v 14 ; cf Psaume 116,17. L’actions de grâces, la
gratitude du cœur est un sacrifice qui, en terme de valeur, dépasse de loin
tout ce que l’on peut offrir à Dieu par habitude ou tradition : un
enseignement largement corroboré par le Nouveau Testament : Matthieu 14,19 ; 15,36 ; 26,26 ; Ephésiens
5,20 ; Philippiens 4,6 ; Colossiens 3,17 ; 4,2 ; 1
Thessaloniciens 5,18.
-
A deux reprises, l’Ancien Testament insiste pour
que celui qui s’approche de Dieu se taise et écoute avant de vouloir faire
quelque chose : Psaume 4,5-6 ; Ecclésiaste
4,17 à 5,1. Le sacrifice qui est juste est celui qui découle d’une
relation avec Dieu dans laquelle on commence à écouter ce qu’Il a à nous dire.
Marthe, la sœur de Marie, se sacrifiait pour que le Seigneur soit bien servi.
Cependant, elle fit les choses dans le mauvais ordre. Son sacrifice n’était pas
un sacrifice de justice, preuve en était par l’irritation envers sa sœur qui
l’habitait : Luc 10,38 à 41. Marie avait,
quant à elle, fait les choses dans le bon ordre. Le Seigneur présent, elle
s’était mise d’abord à L’écouter. Le service viendrait après. Le même ordre
nous est commandé dans notre relation avec Dieu.
-
Psaume 51,18-19 :
un autre type de sacrifice qui plaît à Dieu est celui qui procède d’un cœur et
d’un esprit brisé par la vue de son propre péché. Dieu, dira Esaïe, habite les
lieux élevés et la sainteté, mais Il est aussi avec celui qui est écrasé et
dont l’esprit est humilié : Esaïe 57,15.
Tout roi choisi par Dieu qu’il était, David ne pouvait rien faire, après son
adultère avec Bath-Shéba, pour retrouver la faveur de Dieu. Seule la profondeur
de la tristesse qu’il éprouvera à la vue de son péché fera que l’Eternel se
laissera toucher par sa repentance : cf 2
Chroniques 33,12-13.
De cet enseignement, il découle que le système sacrificiel
établi par Dieu dans l’AT ne pouvait être que provisoire. Ce qui devait rester
dans le culte n’est pas ce qui touche à la forme, mais au fond. Par
Jésus-Christ, le peuple de Dieu aura la capacité d’offrir à Dieu un culte qui
Lui est agréable : Romains 12,1-2.
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