samedi 12 octobre 2013

Le sacrifice de Jésus

a. Il est préparé par l’Ancien Testament

Nous avons vu la double position de l’Ancien Testament au sujet du principe du sacrifice :

-          Dès la genèse, le principe du sacrifice, c’est-à-dire de l’effusion du sang d’un animal innocent, est établi comme le remède nécessaire et efficace pour être agréé de Dieu. L’Ancien Testament démontre avec force ce que dira plus tard l’auteur de l’épître aux hébreux : sans effusion de sang, il n’y a pas de pardon : Hébreux 9,22. Par le sacrifice, l’Ancien Testament affirme que la seule justice qui puisse être faite par rapport au péché passe par la mort. Par le sacrifice, le pécheur est gracié, mais la victime de substitution doit mourir. Le sacrifice étant le seul chemin qui mène au pardon et à la paix avec Dieu, des sacrifices furent offerts par milliers. En effet, les sacrifices offerts réglaient les péchés passés, mais n’avaient aucun pouvoir pour effacer ceux qui seraient commis plus tard. Sur la base de ce principe, sans autre évolution, l’obligation d’offrir des sacrifices ne peut être que perpétuelle : Hébreux 10,1-2.

-          L’Ancien Testament révèle également les failles du système sacrificiel. Il rappelle que le sacrifice n’a aucune valeur s’il n’est pas accompagné d’un regret réel de la faute commise. Il impose que, non seulement le sacrifice soit conforme aux exigences divines, mais que le sacrificateur exerce sa fonction avec la solennité et le sérieux que celle-ci requiert. Il dénonce enfin l’invalidité des sacrifices offerts ailleurs qu’au lieu désigné par l’Eternel.

A l’égard du principe du sacrifice, l’Ancien Testament ne s’arrête pas là. L’Ancien Testament est préparatoire. Il est l’ombre des choses et de la réalité à venir, une copie des réalités célestes : Hébreux 8,5 ; 9,23 ; 10,1. Au-delà des principes qu’il affirme, l’Ancien Testament a pour but de préparer le peuple de Dieu à la venue de Celui qui, d’une part allait récapituler tous les sacrifices offerts à Dieu pour le péché, et, d’autre part, les annuler. C’est pourquoi, il pointe le regard d’Israël vers la venue du Serviteur, le Serviteur souffrant, qui allait une fois pour toutes offrir Sa vie en sacrifice de réparation pour le péché : Esaïe 53,1 à 10.

b. Sa pensée est présente dans l’Evangile dès le début

Certains commentateurs bibliques ont voulu faire croire que la mort de Jésus par crucifixion était un accident, ou qu’elle était celle d’un martyr, semblable à celle vécu par d’autres qui se sont comme lui mis au service d’une cause juste. La lecture détaillée de l’Evangile ne permet pas de soutenir de telles conclusions. La mort de Jésus est un sacrifice volontaire, dont l’idée est présente dès le début de l’Evangile, et qui ne cesse de s’amplifier plus l’heure où elle se produira approche. Preuves :

-          Jean 1,29 : Jésus n’est pas encore entré dans Son ministère publique que, déjà, Jean-Baptiste Le présente comme l’Agneau qui ôte le péché du monde. L’objectif de l’appel de Jean était qu’il prépare par son message la venue du Seigneur : Marc 1,2-3. Pour se faire, Jean proclamait la nécessité de la repentance en vue du pardon des péchés : Marc 1,4. Si la repentance était la part de l’homme, Jean prédit aussi que la part de Jésus serait d’être, quant à Lui, l’Agneau offert en sacrifice pour ôter le péché du monde. Dès le début, le message de l’Evangile est affirmé dans toute sa clarté. Il n’y a sous-entendu, ni ambigüité.

-          Matthieu 3,13-15 : en se glissant parmi les pécheurs qui viennent se faire baptiser dans le Jourdain par Jean, Jésus manifeste de façon évidente Son intention. Jésus veut s’associer aux pécheurs. Il veut s’identifier à eux au point de se désigner coupable au regard de la loi, alors qu’Il ne l’est pas. Il n’a rien à confesser, mais il veut être lavé comme s’Il avait commis les fautes de tous ceux qui sont présents avec Lui. Jean, qui se trouvait indigne de délier la courroie de Ses sandales : Jean 1,27, essaie bien de L’en dissuader. Mais Jésus s’y oppose. C’est là Sa volonté, le chemin qu’Il a à suivre.

-          Jean 3,14 à 16 : à Nicodème venu Le voir de nuit, Jésus exprime très clairement par quel moyen Dieu va offrir le pardon et la vie éternelle aux hommes. Docteur de la loi, Nicodème connaît parfaitement les Ecritures. Jésus choisit en elle le symbole qui sera le plus à même d’ouvrir les yeux de Nicodème sur la façon avec laquelle la grâce de Dieu opèrera pour le salut de chacun : le serpent d’airain dressé par Moïse dans le désert : Nombres 21,4 à 9. L’image est explicite. Le serpent d’airain incarne la malédiction due aux péchés des Israélites : les serpents brûlants. Le serpent d’airain cristallise à lui seul toutes leurs fautes. Le serpent d’airain est représenté fixé sur un bois. Qui regarde à lui échappe à la malédiction qui mène à une mort certaine. La seule condition requise pour être sauvé est le regard de la foi, foi que la malédiction qui était destinée à l’Israélite a été transférer sur le serpent d’airain crucifié. En annonçant qu’il serait Lui aussi élevé, comme le serpent d’airain, Jésus laisse entendre à Nicodème que Sa mort sur la croix est le moyen par lequel Dieu va sauver les hommes. Ce moyen, pour être effectif, ne nécessite qu’une condition : celle de la foi.

-          Jésus ne cessera de faire allusion à Sa mort sacrificielle dans de nombreuses paroles :

Ø  Marc 10,45 : Il annonce que Sa vie servira de rançon pour une multitude
Ø  Jean 10,17-18 : Il dit qu’Il est le bon berger qui se défait volontairement de Sa vie pour Ses brebis
Ø  Jean 12,20 à 24 : suite à le demande de Grecs désireux de Le voir, Jésus dit que l’heure est venue d’être le grain de blé qui tombe en terre et meurt pour porter beaucoup de fruit. Jésus mentionne ce moment où Il va mourir comme l’Heure pour laquelle Il est venu : v 23 et 27. A plusieurs reprises, Jésus échappa à la mort. Les évangélistes justifient ces délivrances en disant que Son heure n’était pas venue : Jean 7,30 ; 8,20 ;
Ø  A plusieurs reprises, Il précisera à Ses disciples ce qui L’attend et ce à quoi ils doivent s’attendre à Son sujet : Matthieu 16,21 ; 17,22-23 ; 20,17 à 19 ; 26,2.

c. Sa signification pour Dieu le Père

C’est au moment où Jésus voit se profiler la croix qu’Il vit Son combat le plus intense. Le facteur déterminant de la victoire sera le moment où Jésus décidera de « boire la coupe de souffrances tendue vers Lui » en soumission à la volonté du Père : Matthieu 26,39. La mort qui attend Jésus n’est pas une erreur de parcours. Elle n’est pas non plus le signe de la victoire de Ses ennemis sur Lui. Elle est le cœur même de la volonté du Père pour le Fils. En quoi le sacrifice de Jésus était-il si vital pour le Père ? Que signifiait-il et qu’exprimait-il pour Lui ? Deux choses :

·         La mort du Fils manifeste de manière évidente et suprême l’amour de Dieu pour les pécheurs. La mort de Jésus est la preuve mesurable de l’amour de Dieu pour nous : Jean 3,16 ; Romains 5,6 à 8 ; 1 Jean 4,9-10. La mort de Jésus est la manifestation au plus haut point de la grâce de Dieu : Tite 2,11.

·         La mort du Fils manifeste de manière évidente et suprême la justice de Dieu : Romains 3,25. Elle souligne d’abord la gravité du péché dont la rétribution nécessaire est la mort : Romains 6,23. La procédure qui devait amener au pardon devait passer par la mort. Il était impossible de la simplifier. Or, pour que le pardon soit éternel, il fallait que le sacrifice de la victime ait une valeur éternelle. Seul le Fils de Dieu était en mesure d’offrir un sacrifice qui ait une telle portée : Hébreux 9,11 à 14. Lorsque le Fils meurt pour le péché, Il se sent abandonné du Père : Matthieu 27,46. Pourtant le Père est en Lui réconciliant le monde avec Lui-même : 2 Corinthiens 5,19. C’est par Son propre sang, dit Paul, que Dieu s’est acquis l’Eglise : Actes 20,28. Par la mort de Son Fils, Dieu a montré Sa justice dans le temps présent, de manière à être juste tout en justifiant celui qui a la foi en Jésus : Romains 3,26.

« Les auteurs néotestamentaires ne conçoivent jamais l’expiation comme étant l’œuvre du Christ dissocié du Père, ni comme l’œuvre du Père qui se passe de Christ, mais comme une œuvre attribuée conjointement à Dieu et à Christ, ou à Dieu agissant en Christ et par lui, dans une coopération sans réserves… Dans le drame de la croix, il n’y a donc pas trois acteurs, mais deux : nous d’un côté, Dieu de l’autre… Grâce à l’unité mystérieuse entre le Père et le Fils, Dieu pouvait infliger le châtiment, et le subir. » : John Stott.

d. Sa signification pour le Fils

Le sacrifice de Jésus sur la croix exprime tout d’abord l’obéissance absolue du Fils au Père : Philippiens 2,8. Elle magnifie sa capacité à renoncer à lui-même et à s’humilier pour rendre possible l’accomplissement du dessein salvateur de Dieu : Philippiens 2,5 à 7. Le sacrifice de Jésus témoigne aussi de la portée de Son amour pour les Siens : Jean 10,11 à 15 ; Ephésiens 5,25 ; Galates 2,20.

Le sacrifice du Fils est le moyen par lequel tout ce qui échappait à l’autorité du Père, à cause du péché, est ramené pour Lui être à nouveau soumis : 1 Corinthiens 15,24 à 28 ; Ephésiens 1,10.

e. Sa signification pour nous

Le sacrifice de Jésus sur la croix est le fondement de notre justification devant Dieu : Romains 3,24-25. La justification des pécheurs devant Dieu n’a été possible que parce que Dieu a trouvé, au travers de la mort de Jésus, un sacrifice apte à les rendre propice : Romains 3,25. La justification est l’opposé de la condamnation : Romains 5,15 à 18. La mort de Jésus, le second Adam de l’humanité, est l’acte par lequel la condamnation qui pesait sur le premier Adam à cause de sa transgression a été levée. La justification déclare justes aux yeux de Dieu tous ceux qui, par la foi à la valeur rédemptrice du sacrifice de Jésus, en sont les bénéficiaires : Romains 3,24 et 26. La justification dont nous sommes les bénéficiaires au travers de Christ est un acte judiciaire : elle est instantanée, complète et définitive. Par Sa mort sur la croix, nos péchés sont définitivement effacés devant Dieu et nous sommes réconciliés pour toujours avec Dieu : Jean 1,29 ; Hébreux 8,12 ; 1 Jean 2,2.

Le sacrifice de Jésus, suivi de Sa résurrection, scelle Sa victoire complète et définitive sur la mort et celui qui en est le prince, le diable : Hébreux 2,14-15. Le moment de la mort de Jésus est celui où le diable a été jeté dehors de son propre royaume : Jean 12,24.31. Par sa mort sur la croix, Christ a effacé l’acte dont les ordonnances nous condamnaient et dépouillé les puissances mauvaises qui nous accusaient : Colossiens 2,14-15 ; Apocalypse 12,11.

Le sacrifice de Jésus est le moyen par lequel Dieu a mis fin au mur de séparation et à l’inimitié qui existaient entre Juifs et païens. Par Lui, la paix est établie et chacun peut avoir accès au Père dans un même Esprit : Ephésiens 2,15 à 18. Il n’y a plus désormais en Christ ni Juif, ni Grec, ni homme, ni femme, ni esclave, ni libre : Galates 3,28.

Le sacrifice de Jésus est le moyen qui nous ouvre la route vers un libre accès continuel et permanent au Père : Hébreux 10,29 à 32. A cause de sa valeur pour Dieu, la mort de Jésus est le seul point d’appui, le seul sauf-conduit qui nous permette d’entrer sans risque par la foi au cœur même de la présence de Dieu.

Le sacrifice de Jésus est enfin le principe à partir duquel s’opère l’œuvre de sanctification dans nos vies. Christ n’est pas seulement mort : nous sommes morts avec Lui : Romains 6,3-4. Le péché a donc perdu son pouvoir de domination sur nous : Romains 6,12. Unis à Christ, nous sommes rendus capables de marcher avec Lui en nouveauté de vie : Romains 6,4. Nous sommes crucifiés avec Christ. Nous n’avons plus à vivre de notre vie passée, mais de celle du Christ qui habite en nous par Son Esprit : Galates 2,20.